Le trek du tour des Annapurnas est l’un des plus beaux au monde. Le mythique passage du col de Thorong-La culminant à 5 416 m d’altitude est assurément un des plus exceptionnels passages marquants de cette aventure, mais chaque étape en vaut la peine. Le trek des Annapurnas est un vrai défi qui vous récompensera par la splendeur du décor.
C’est vrai que faire un trek n’est pas une idée comme une autre. Pour ma part, cela était peu envisageable, n’étant pas une grande sportive je me voyais déjà faire marche arrère à la première étape. Moi et 12 jours dans la nature, et à marcher en plus !?! Impensable. Mais bon, prends ton courage et ta détermination à deux mains et montre de quoi tu es capable.
Premièrement, avant de partir en trek au Népal, il faut savoir que tout cela a un prix. Il faut tout d’abord acheter un permis de trek et s’acquitter de frais de protection de la nature pour ceux situés dans des réserves naturelles. Pour celui du tour des Annapurnas, il faut alors payer la carte TIMS et le droit d’entrée des parcs nationaux. La carte TIMS (permis de trek) permet de faire un suivi des trekkeurs en cas de soucis avec différents check points sur la route.
Nous sommes allés à l’ACAP de Pokhara (Annapurna Conservation Area Project) afin de réaliser ces deux permis nécessaires et obligatoires : la TIMS Card coûte 2 000 roupies par personne, et l’ACAP lui aussi est au tarif de 2 000 roupies par personne.
Bien entendu, pour réaliser un tel trek sur une aussi longue durée, vaut mieux être en bonne condition physique, et il faut savoir qu’au delà de 2 000 m, le mal des montagnes peut atteindre n’importe quelle personne.
Pour gravir le col tant espéré, il faut beaucoup de détermination et de motivation, car faire un trek n’est pas comme faire une simple randonnée, certains jours seront difficiles d’autres mieux apprivoisés. Toutefois, un bon équipement est primordial, et nous vous conseillons au maximum d’alléger votre sac (à part si vous prenez des porteurs) car sur un trek comme cela, chaque gramme se sentent.
Il faut donc : un bon sac de randonnée, 2L d’eau par personne, prévoir soit un filtre physique ( comme Lifestraw ) ou des pastilles de chlore pour nettoyer l’eau, des bonnes chaussures, des encas ( type barres de céréales, des noix, fruits secs… ), des bâtons de marche, une lampe frontale, lunette de soleil, crème solaire, stick pour les lèvres, quelques médicaments ( pensez à embarquer avec vous le médicaments contre le mal des montagnes DIAMOX ). Après selon la saison, des affaires plus ou moins chaudes. Nous nous sommes partis en décembre période hivernale au Népal, donc du coup nous avons pris un tee-shirt manches longues, 3 tee-shirts, un pull, une polaire, un veste Gore-Tex, des chaussettes de ski ou en laine mérinos, un bonnet, une écharpe, des gants, un sac de couchage qui peut aller jusqu’à une température maximale de -20°. A Pokhara vous trouverez tout, avec plus ou moins de la qualité. Nous vous conseillons surtout au niveau du sac de couchage de prendre une marque où vous n’aurez aucun doute sur sa compétence.
Avant d’attaquer le trek, rassurez vos proches, ne vous mettez pas de pression, et voici nos trois règles d’or :
- Règle N°1 : Toujours suivre la marque rouge et blanche. ( Marquage du chemin )
- Règle N°2 : Bien s’hydrater. ( Boire 4 litres par jour )
- Règle N°3. Doucement mais sûrement. Ecoutez-vous ! Ce trek est singulier. Prenez le temps qu’il faut.
JOUR 1 : De Besi Sahar ( 760 m ) à Ghermu ( 1130 m ).
Le premier jour consiste pour la plupart à effectuer la route entre Pokhara ou Katmandou et relier la ville officielle du départ du trek Besi Sahar.
C’est après 4 heures de bus en partant de Pokhara que l’on arrive à Besi Sahar, ville où l’on prendra un autre bus afin de rejoindre Ngadi, cette partie est occupée par la route, elle est donc moins intéressante.
Le bus s’arrête donc à Ngadi, sur le chemin nous rencontrons deux trekkeurs avec qui nous partageons notre première étape jusqu’à Ghermu.
Paysages verdoyants, ponts suspendus, rizières, villages authentiques, cette première étape fût une très belle approche du trek. Nous arrivons à Ghermu en fin de journée, nous décidons d’aller tous ensemble dans le même lodge.
A savoir que si vous mangez et dormez également dans ce même lodge, vous pouvez alors négocier la gratuité de la chambre. Par contre si l’eau chaude vous est indispensable, renseignez vous bien avant de vous installer. Pour nous à Ghermu, ce fût première douche froide ! Puis retenez bien ce plat traditionnel : le Dal Bhat, un mélange de riz, de lentilles, de pomme de terre légèrement épicé. Ce plat sera votre allié N°2 durant ce trek. ( Vous pourrez vous en servir à volonté. ) Et oui parce que votre ami N°1 sera la Garlic Soup, une soupe à l’ail et à l’oignon qui permet de traiter le mal des montagnes.
Ngadi (890 m ) -> Ghermu ( 1 130 m ) : 17 km. 4 heures de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 420 m.
- Dénivelé négatif cumulé : – 180 m.
- Dénivelé global : + 240 m.
JOUR 2 : De Ghermu ( 1 130 m ) à Tal ( 1 430 m ).
Cela a été en réalité le premier jour de marche intense, petite descente au départ de Ghermu, pont suspendu avant d’attaquer une belle montée. Le parcours est de plus en plus beau et s’enfonce dans la nature sauvage. Cascades au rendez-vous, rivières, fleurs rouges et apparition de vaches, de poules …
Un souvenir marquant : Le dernier pont avant d’accéder à la dernière partie intense pour Tal. Il était super long et pas très stable, sueurs garanties. Ensuite, dans les dernières minutes une grosse montée vous attends mais une fois au sommet, on aperçoit le village de Tal qui vous fera oublier les dénivelés montés.
Ghermu ( 1 130 m ) -> Tal ( 1 700 m ) : 20 km. 7 heures de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 570 m.
- Dénivelé négatif cumulé : 0 m.
- Dénivelé global : + 570 m.
JOUR 3 : De Tal ( 1 700 m ) à Chame ( 2 710 m ).
Prochaine destination Chame. Nous nous souvenons encore de cette première montée après le village de Tal, nous mettant bien en jambe. Ce chemin là est un peu dangereux car à certains moments nous passons à flanc de falaise. Cette étape là fût pour nous une des plus difficiles, car cela ne cesse pas de monter et la randonnée est longue. Puis certains passages dans la jungle vous donneront l’impression d’être perdu.
Tal ( 1 700 m ) -> Chame ( 2 710 m ) : 28 km. 9 heures 30 de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 1 010 m.
- Dénivelé négatif cumulé : 0 m.
- Dénivelé global : + 1 010 m.
JOUR 4 : De Chame ( 2 710 m ) à Upper Pisang ( 3 310 m ).
Cela fait 2 jours que le dénivelé positif ne cesse de s’accumuler. Cependant, sur cette étape, vous pourrez choisir entre une nuit à Upper Pisang ou Lower Pisang. En faisant une halte à Upper Pisang, cela vous permettra de mieux vous acclimater à l’altitude, puis pareillement la vue sera plus belle surtout sur l’Annapurna II et IV l’un culminant à 7 937 m et l’autre 7 525 m. La route pour se rendre à Upper ou Lower Pisang est très agréable, première partie en pleine forêt, cela nous ramène aux souvenirs que nous avons des Alpes.
Chame ( 2 710 m ) -> Upper Pisang ( 3 310 m ) : 16 km. 5 heures 30 de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 600 m.
- Dénivelé négatif cumulé : 0 m.
- Dénivelé global : + 600 m.
JOUR 5 : De Upper Pisang ( 3 310 m ) à Manang ( 3 540 m ).
Pour se rendre à Manang, il existe deux chemins : l’un plus facile que l’autre. Nous choisissons alors le chemin le plus facile, car ce n’est pas un matin comme les autres. Au réveil, la neige a emporté la vallée. La vue depuis notre lodge est juste splendide. La route qui mène à Manang n’est pas difficile, nous étions sans cesse en train de contempler ce merveilleux paysage. Juste avant Manang de nombreux temples aux allures tibétains s’offriront à vous. Même si votre fatigue est au rendez-vous, si vous vous en sentez capable, prenez un peu de temps pour les observer de plus près. Notamment celui de Braka. L’ultime pente pour se rendre à Manang demande une petite pincée de force dans ces derniers efforts.
Upper Pisang ( 3 310 m ) -> Manang ( 3 540 m ) : 17.5 km. 6 heures de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 290 m.
- Dénivelé négatif cumulé : – 60 m.
- Dénivelé global : + 230 m.
JOUR 6 – 8 : Acclimatation à Manang ( 3 540 m ).
Il est fortement recommandé pendant ce trek de rester une journée ou deux afin de s’acclimater à Manang.
L’altitude étant de 3 540 m, le manque d’oxygène se fait déjà ressentir et peut provoquer chez certains le mal des montagnes. Et évidemment, j’en ai fait l’expérience. Maux de tête, nausées, perte d’appétit.. Faites donc attention à tous ces symptômes, ne pas les prendre en compte peut s’avérer être très dangereux. Nous vous conseillons également de boire 4 à 5 litres d’eau par jour, même si nous savons que dans le froid boire de l’eau fraîche n’est pas toujours évident. Par la suite, nous avons opté pour commander des grands thermostats de 2 litres de thé noir dès notre arrivée au lodge.
Pendant que je me reposais, Adam et des amis ( Julio & Alice ) du trek se sont rendus au lac Gangapurna. Le lac doit sa couleur à l’eau du glacier Gangapurna culminant à 7 455 m. Le paysage est sublime, et la randonnée permet également une meilleure acclimatation.
A noté qu’après 3 000 m d’altitude certains trekkeurs ne se lavent plus afin de garder leur chaleur corporelle. Manang fût notre dernière douche.
JOUR 9 : De Manang ( 3 540 m ) à Yak Kharha ( 4 050 m ).
Cela n’est pas toujours évident de reprendre la main après un mal des montagnes, la reprise peut s’avérer un peu difficile. Prenez donc votre temps. L’étape pour se rendre à Yak Kharka n’est pas tellement difficile, l’ascension se fait facilement, nous sommes très loin des grosses montées du début du trek à en perdre la tête mais l’oxygène se raréfie. Les montagnes toujours aussi surprenantes que fascinantes dévoileront l’Annapurna III culminant à 7 555 m. De nombreux Yaks et chevaux feront part à ce magnifique paysage.
Manang ( 3 540 m ) -> Yak Kharka ( 4 050 m ) : 13 km. 5 heures de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 510 m.
- Dénivelé négatif cumulé : 0 m.
- Dénivelé global : + 510 m.
JOUR 10 : De Yak Kharka ( 4 050 m ) à Thorong Phedi Base Camp ( 4 450 m ).
Cette étape est encore plus courte que la veille permettant une bonne récupération, derniers grands ponts cela rend un poil nostalgique. Nous avons eu la chance de voir de nombreux chamois. Un peu avant d’arriver à Thorong Phedi Base Camp, la route est assez étroite et parfois peut vous donner la sensation de vertige. Seulement peu de lodges sont ouverts en basse saison, cela permet de retrouver de nombreux trekkeurs rencontrés lors des étapes précédentes. Et oui le trek c’est aussi ça, des rencontres métissées fabuleuses ornés de souvenirs magiques et parfois même intenses.
Yak Kharka ( 3 540 m ) -> Thorong Phedi ( 4 450 m ) : 8 km. 3 heures 30 de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 400 m.
- Dénivelé négatif cumulé : 0 m.
- Dénivelé global : + 400 m.
JOUR 11 : De Thorong Phedi ( 4 450 m ) à Muktinath ( 3 800 m ).
Dernière journée d’ascension mais aussi le JOUR J : le passage du col du Thorong-La à 5 416m. Levés à 6h00, départ à 7h00. La nuit fût difficile car avec l’altitude le sommeil se perd. La première montée pour rejoindre le High Camp ( 4 880 m ) est terrible, le soleil peine à sortir, le froid persiste, le vent se lève, nous voilà plongés dans le coeur des sommets. Température glaciale atteignant les – 25° en haut du col. Nous avons fait 4 heures 30 de marche intensive, des montées vertigineuses, de l’envie a ne plus en pouvoir, tous ces souvenirs qui resteront gravés à jamais dans notre mémoire. L’arrivée au col relève d’un véritable défi car à la fois à bout de souffle suite à l’ascension mais surtout au manque d’oxygène à cause de l’altitude, elle sera une vraie libération. Laissez-vous aller, certaines larmes en vu de tout votre parcours ne pourront se retenir. Mais surtout FÉLICITATION ! On fait partis de ces personnes qui sont arrivés à bout de ce col et de ses 5 416 m d’altitude.
Throrong Phedi ( 4 450 m ) -> Thorong-La ( 5 416 m ) : 10 km. 4 heures 30 de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 966 m.
- Dénivelé négatif cumulé : 0 m.
- Dénivelé global : + 966 m. Total
- Dénivelé global monté : + 4 526 m.
Nous l’avons passé, nous sommes tellement fiers, maintenant il ne reste plus qu’à redescendre, et quelle redescente !
Nous redescendons plus de 1 600 m pour atteindre le village de Muktinath et cette descente sera interminable et dans vos pensées elle sera « presque beaucoup plus pire » que la précédente ascension de la matinée.
Le paysage est cependant à couper le souffle, et change complètement de tout ce que nous avons pu voir.
Throrong-La ( 5 416 m ) -> Muktinath (3 800 m ) : 16 km. 5 heures 30 de marche.
- Dénivelé positif cumulé : 0 m.
- Dénivelé négatif : – 1 616 m.
- Dénivelé global : – 1 616 m.
Throrong Phedi ( 4 450 m ) -> Muktinath ( 3 800 m ) : 26 km. 10 heures de marche.
- Dénivelé positif cumulé : + 966 m.
- Dénivelé négatif cumulé : – 1 616 m.
- Dénivelé global : – 650 m.
Par la suite à Muktinath nous avons pris une Jeep afin de nous rendre plus rapidement à Kagbeni et avons mis fin à notre trek dans ce petit village. Le lendemain, nous avons pris un car de nuit à Jomsom pour nous rendre à Pokhara. Le trajet a duré 8 -9 heures, et fût certainement la route la plus dangereuse de notre aventure, sensations vertigineuses et sueurs garanties ! Non non j’extrapole même pas un minimum. Nous arrivons à Pokhara à minuit, le temps pour nous de retourner à l’hotel où nous avions laissés nos affaires, et de roupiller dans un sommeil autant profond que réparateur. Thorong-La à été gravi, et tous ces souvenirs s’emparent alors de nos rêves avec cette satisfaction de les avoir réalisés.
En résumé, au total :
Ngadi ( 890 m ) -> Muktinath ( 3 800 m ) : 145, 5 km. 50 heures 30 de marches.
- Dénivelé positif cumulé : + 4 766 m.
- Dénivelé négatif cumulé : – 1 856 m.
- Dénivelé global : + 2 910 m.
Par rapport à ce trek, nous avions choisi de ne pas prendre de guide, ce qui n’a pas été un handicap car le chemin reste balisé tout au long.
Nous n’avions pas pris de porteurs non plus, nous voulions passer le col seuls et nous prouver aussi que nous en étions capables, puis rien que l’idée de nous dire qu’une personne puisse porter nos sacs nous rends complètement hors de nous. Cela dit, pour cela il faut réfléchir et ne prendre uniquement que le strict nécessaire sachant que le moindre gramme vous fera parfois perdre la tête si le sac devient une épreuve… Pour moi il faisait 4 kilos et celui d’Adam 8 kilos.
Hormis le mal des montagnes que j’ai eu, notre trek s’est bien déroulé, il est nécessaire pendant tout ce temps de marche et d’épreuves physiques en altitude, d’écouter son corps et d’aller à son rythme, et surtout quand vous êtes plusieurs de communiquer sur votre ressenti.
Cette aventure est certainement une des plus belles et des plus difficiles que nous ayons vécus. Le trek des Annapurnas est une révélation de soi, où vous découvrez votre corps, où vous franchirez de nombreuses limites et où pendant l’instant d’un sommet la fierté s’emparera de vous. Gravir Thorong-La est une leçon de vie, d’humilité, d’espoir et d’amour…